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Comment Haussmann a inventé le bâtiment haussmannien

Dernière mise à jour : 30 janv.

Les grandes transformations de Paris sous le Second Empire sont initiées par Napoléon III et systématisées par Georges Eugène Haussmann, préfet de la Seine entre 1853 et 1870. D’innombrables rues et boulevards sont percés, de nouveaux bâtiments somptueux voient le jour, la capitale française s’aère.


Le bâtiment haussmannien devient prépondérant dans la capitale, le style haussmannien souligne la régularité des nouvelles avenues. La façade de l’immeuble haussmannien est codifiée, avec ses balcons, sa hauteur proportionnelle à la largeur de la rue, ses fenêtres identiques. L’organisation des étages est également normalisée mais le plan reste souple à l’intérieur de chaque appartement.


Contestés par certains, comme Jules Ferry, pour leur coût démesuré, ces travaux transforment Paris et font naître cette ville-lumière, joyau qui attire les visiteurs du monde entier.



Bâtiment haussmannien Photo du Baron Haussmann lisant un courrier à Paris



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Le « baron » Haussmann et les grands travaux de Paris


Qui est Georges Eugène Haussmann ?



Si ce cabinet généalogique a pris le nom d’Haussmann, c’est en hommage à Georges Eugène Haussmann, né à Paris en 1809 et décédé dans la capitale en 1891, grande figure de l’histoire parisienne et de sa modernisation.


Georges Eugène Haussmann est né au 55 rue du Faubourg du Roule, l'actuelle rue du Faubourg-Saint-Honoré, d'un père négociant et intendant militaire de Napoléon Ier, Nicolas Valentin Haussmann, époux d'une dame Caroline Dentzel, fille du Baron d'empire Dentzel.


Bâtiment haissmannien Acte de naissance du baron Haussmann provenant des Archives de Paris
Acte de naissance du baron Haussmann


Nommé préfet de la Seine en juin 1853, juste après le second coup d’état de Napoléon III du 2 décembre 1852 qui instaure l’Empire (à la suite de celui du 2 décembre 1851 qui sonnait déjà la fin de la Deuxième République), Haussmann va mettre en oeuvre dans Paris de gigantesques travaux pour rénover et embellir la capitale, unifier l’architecture de ses bâtiments et peut-être aussi faciliter son accès en cas d’intervention militaire.


Georges Eugène Haussmann, qui s’est propulsé Baron Haussmann en utilisant le titre tombé en désuétude de son grand-père maternel, le baron Dentzel, fait percer dans la capitale de grands boulevards et imagine une architecture d’immeubles mettant en valeur ces nouveaux axes de circulation.



Les grands travaux de Napoléon III et du baron Haussmann


L’empereur des Français Napoléon III est l’inspirateur de ces travaux et de ces « percements » dont le but est d’aérer Paris au même titre que Londres où il a vécu en exil de 1846 à 1848. Les premières percées ont d'ailleurs débuté avant l’arrivée de Haussmann mais Haussmann les a probablement systématisées. Ce projet d’urbanisme concerne aussi bien les voies et les bâtiments que les espaces verts, parcs, squares et même égouts.


Les transformations de Paris débutent donc avant le Second Empire. Dès 1849, avant même la nomination d’Eugène Haussmann, les expropriations et les percements avaient commencé pour désenclaver le centre de Paris.


« Le centre de Paris était impénétrable : les Tuileries, le Louvre, les Halles, l'Hôtel de Ville formaient, avec les quartiers adjacents, un pâté énorme de rues étroites, courtes, sinueuses, qui coupaient, en quelque sorte, la capitale en deux. »

ainsi que le note Jules Ferry dans son discours « Les comptes fantastiques d’Haussmann » en 1868, en référence aux Contes d'Hoffmann, drame en cinq actes écrit en 1851 par Jules Barbier et adapté beaucoup plus tard pour l'opéra de Jacques Offenbach.


Entre 1849 et 1857, la ville entreprend de prolonger la rue de Rivoli, d’établir le boulevard de Sébastopol sur la rive droite, et d’ouvrir le boulevard Saint-Michel sur la rive gauche ou la rue des Ecoles, pour ne citer que les voies les plus renommées, soit un parcours de voirie de plus de 9 kilomètres.


De 1858 à 1868, Haussmann termine la rue de Rivoli et le boulevard Saint-Michel, perce les boulevards Haussmann, Malesherbes, Magenta, Saint-Marcel, Arago, entre autres, sur près de 27 kilomètres. La place de l'Etoile reprend le cours de sa réorganisation autour de l'Arc de Triomphe et les anciens fossés qui entouraient la place de la Concorde sont comblés. Le quartier de l’Opéra est mis en valeur avec le nouvel Opéra Garnier. Les gares remodelées doivent être les nouvelles portes de Paris vers les régions de France.



Bâtiment haussmannien Photo du boulevard Malesherbes avec l'église Saint Augustin au dernier plan
Photo du boulevard Malesherbes


Haussmann décide aussi les travaux du boulevard Richard-Lenoir, de la rue Réaumur, de la rue Lafayette, le prolongement des rues Drouot, Le Pelletier, Neuve-des-Mathurins (jusqu’au nouveau boulevard Malesherbes) et nombre d’autres « démolition(s) colossale(s) et redoublée(s) » , cf. Jules Ferry, sur près de 28 kilomètres.


Il fait également valider par l’empereur Napoléon III le rattachement des anciennes communes de la périphérie de Paris (Belleville, Montmartre, Vaugirard, etc.), ce qui a été réalisé à partir de 1860 et a coûté fort cher.


Si Haussmann n’est resté préfet de la Seine que de 1853 à 1870, son œuvre architecturale s’est prolongée dans le temps, au moins jusqu’aux nouveaux règlements d’urbanisme de 1882 et 1884 de la Troisième République.





La contestation des travaux du baron Haussmann


Cette œuvre titanesque n’a pas eu que des partisans, comme le décrit Jules Ferry dans son discours très critique cité plus haut, du fait de formidables dépassements de budget, d’une terrible spéculation immobilière et de la perte de la mixité sociale dans la capitale, entre autres défauts.


Les expropriations ne détruisent pas que des habitats insalubres, elles expulsent aussi les propriétaires aisés de beaux hôtels particuliers qui peuvent à juste titre s'estimer lésés.


La ville est en chantier permanent.


D'après Pierre Pinon dans son remarquable Atlas du Paris haussmannien, le maréchal de Castellane en 1861 se plaint du fait que " le quartier de la Chaussée d'Antin a l'air d'avoir été saccagé ; les boulevards, la place Louis XVI sont profondément creusés par des égouts. Au lieu de terminer ce qui est en train, on commence de nouveaux travaux sur d'autres points, cela commence à ennuyer tout le monde".

Le montant total de ces travaux aurait avoisiné la somme de 2 milliards de Francs en 15 ans ce qui représentait à l’époque le budget total de la France pour toute une année.




Bâtiment haussmannien Photo du discours de Jules Ferry les comptes d'Haussmann à Paris
Photo d'une page du discours de Jules Ferry Les comptes fantastiques d'Haussmann



Les bâtiments haussmanniens


Le style haussmannien souligne la régularité des avenues nouvellement percées


Ce qui reste aujourd’hui des travaux d’Haussmann, ce sont les larges perspectives ouvertes sur les monuments de la ville et les boulevards parisiens bordés des magnifiques bâtiments en pierre de taille si reconnaissables que l’on nomme les immeubles haussmanniens.


Près de 40.000 immeubles à l’architecture haussmannienne auraient été construits dans cette période qui déborde un peu sur les années 1880, soit près de 60% des immeubles de la capitale, d’après plusieurs sites internet consultés.


Ces immeubles ont été imaginés pour accentuer la régularité des avenues et boulevards le long desquels ils s’élèvent. Les nouveaux propriétaires, bourgeoisie parisienne tout comme ancienne noblesse, sont friands de ce nouveau style haussmannien élégant et imposant.



Le bâtiment haussmannien et sa construction


Le cahier des charges pour la construction des façades de ces immeubles haussmanniens était très précis et encadré tout comme pour la réalisation des cours intérieures mais il ne prévoyait pas une réglementation stricte pour le reste de l’immeuble. Pierre Pinon explique que les architectes ont spontanément adopté le modèle de cet immeuble, par « consensus culturel » : le modèle a été propagé par les revues d’architecture et la norme s’est imposée d’elle-même.


Un superbe article sur le site internet de la Cité de l’Architecture (Place du Trocadéro à Paris) donne en détail la définition d’un immeuble haussmannien. Je me permets de le résumer ici en vous laissant les références en bas de page.


La façade est bien entendu ce qui distingue le bâtiment haussmannien des constructions précédemment édifiées. Il faut avant tout respecter une certaine hauteur proportionnelle à la largeur de la rue. Elle peut aller jusqu’à 20 mètres en se conformant toutefois à la règle des 6 étages. La façade doit être « en pierre de taille avec balcons, corniches et moulures ».


Les fenêtres sont de même hauteur et les balcons sont présents aux deuxième étage et cinquième étage.


Idéalement, les bâtiments haussmanniens doivent être soigneusement alignés. Haussmann préconise que d'un immeuble à l'autre au sein d'un même îlot les lignes de balcons et de séparations d'étages forment une ligne continue. L’alignement de ces bâtiments sur les avenues forme un ensemble architectural qui dégage à la fois élégance et harmonie.


Bâtiment haussmannien Photo d'un immeuble haussmannien boulevard Malesherbes Paris
Ici un immeuble haussmannien typique au coin de Malesherbes et Miromesnil (Photo via Google Maps)


L'organisation de l'immeuble haussmannien


De même l’organisation de l’immeuble haussmannien est très codifiée.


· Le rez-de-chaussée comprend des boutiques et éventuellement une grande porte cochère.


· Le premier étage est qualifié d’entresol, sa hauteur sous plafond n'est pas très importante.


· Le deuxième étage est dénommé « étage noble » ou « bel étage » et comporte un balcon dit « filant », c’est-à-dire qui s’étend d’une extrémité à l’autre de l’immeuble. La ferronnerie du balcon filant est très travaillée et la décoration de cette partie de façade très sophistiquée. Les habitants les plus fortunés habitent cet étage. La hauteur sous plafond est importante. Les plafonds comportent des moulures qui donnent un cachet incomparable aux appartements.


· Les troisième et quatrième étages sont en général moins décorés


· Le cinquième étage comporte aussi un balcon filant. Il a été valorisé avec l’installation d’ascenseurs à partir de la fin du XIXe siècle.


· Le sixième étage du bâtiment haussmannien qui est le dernier étage regroupe les combles et les chambres de service.


Des pilastres sont prévus dans les préconisations haussmanniennes pour délimiter chaque façade mais en pratique ils sont peu utilisés.


Il existe souvent un escalier principal dans l'immeuble haussmannien, accessible depuis le vestibule d’entrée, et un escalier de service, accessible en général depuis la cour intérieure. Ce n’est pas toujours le cas dans les immeubles pré-haussmanniens d’après mon expérience.




Bâtiment haussmannien Plan d'un appartement haussmannien typique à Paris
Plan d'un appartement haussmannien figurant dans l'article de la Cité de l'Architecture


Dans l'appartement haussmannien


Dans chaque appartement haussmannien, les pièces de réception sont autant que possible installées côté rue en enfilade et desservies par un couloir. Elle bénéficient d’une belle hauteur sous plafond, de moulures et de parquets de chêne massif souvent en point de Hongrie (en chevrons). Ces pièces sont en général le salon, la salle à manger et éventuellement une ou plusieurs chambres. De l'autre côté du couloir se trouvent les autres pièces, plus privatives ou moins spectaculaires...


La seule contrainte dans un appartement haussmannien est donc de créer cette enfilade rectiligne derrière la façade, ce qui nécessite un développé d'au moins 15 mètres de façade pour loger au minimum trois pièces. Les autres pièces de l'appartement s'organisent ensuite en fonction de la forme globale de l'immeuble et de celle de la courette. Il est donc possible d'avoir une belle façade haussmannienne avec cette enfilade de pièces de réception même sur une parcelle de terrain triangulaire.


En réalité il n'existe pas de plan type de l'intérieur de l'appartement haussmannien !







L’immeuble de style haussmannien va être construit dans tous les arrondissements de Paris, se laissant aller au fil des ans à certaines évolutions souhaitables pour rompre une uniformité pas toujours appréciée, par exemple un balcon supplémentaire au quatrième étage ou d'élégantes rotondes et de belles coupoles.


L’augmentation de la circulation automobile dans la capitale ainsi que l’arrivée de l’ascenseur vont donner plus de valeur aux étages élevés qui bénéficient par ailleurs d’une vue plus agréable sur les toits de la capitale.




Bâtiment haussmannien Photo d'un immeuble haussmannien boulevard Haussmann Paris
Un autre immeuble haussmannien typique au coin de Haussmann et Courcelles (Photo via Google Maps)




Spécialiste en généalogie foncière (voir notre page sur la généalogie foncière), notre cabinet écrit l'histoire de vos immeubles haussmanniens à Paris et vous remet un livret que vous pouvez utiliser pour votre simple curiosité ou pour valoriser votre appartement lors d'une vente (voir notre article sur la valorisation immobilière) . N'hésitez pas à demander notre concours pour une transaction immobilière !


Bâtiment haussmannien illustration fictive d'un généalogiste foncier à Paris


Ressources


Photo du Baron Haussmann source Bibliothèque nationale de France

Auteur Jebulon / Wikimedia Commons / CC0



Acte de naissance de Georges Eugène Haussmann aux Archives de Paris

Photo en ligne S. Lemonnier


Photo du boulevard Malesherbes

Auteur MBZT / Wikimedia Commons




Cité de l’Architecture de Paris, article « L’immeuble 1 Boulevard Saint-Michel – 1860, Paris Gustave Lecomte »


Une très intéressante vidéo du réseau Canopé sur les transformations de Paris

« Paris haussmannien – Les transformations d’une ville »


"Atlas du Paris haussmannien" de Pierre Pinon éditions PARIGRAMME




Je précise que le cabinet généalogique Généalogie foncière et familiale Haussmann Anjou n'est pas propriétaire des images figurant sur cette page de blog et que le cabinet généalogique a décrit ci-dessus quels étaient les auteurs et/ou propriétaires des images



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Généalogiste Paris personne souriante avec généalogie

Mise à jour du 24/01/2024

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